5 QUESTIONS AVEC… ADRIAN ARIZA MEDINA : « Prendre soin des joueurs en tant qu’individus uniques »

Nouveau responsable de la performance physique du Paris Basketball, l’Espagnol Adrian Ariza Medina vient d’ouvrir le nouveau chapitre d’une carrière qui l’a déjà conduit à explorer de nombreuses dimensions du sport. Aujourd’hui âgé de 33 ans, « Adri » a été façonné par plusieurs expériences fortes, de son adolescence au FC Barcelone à sa rencontre avec Tuomas Iisalo en Allemagne, en passant par le coaching de para-athlètes. Un témoignage passionnant.

 

1) Comment a débuté votre relation avec Tuomas Iisalo, il y a un an, quand il vous a recruté à Bonn ?

Je me souviens de la première fois où Tuomas m’a appelé au téléphone. Nous avons alors longuement discuté. Nos valeurs et nos principes fondamentaux étaient en accord, et nos approches de la préparation physique étaient également alignées. Nos chemins étaient destinés à se croiser. Quelques jours plus tard, je suis ainsi arrivé à Bonn. J’ai eu besoin d’une période d’adaptation pour comprendre la méthode de Tuomas et la manière de travailler de l’équipe.

 

2) Parmi vos expertises, sur lesquelles Tuomas vous sollicite-t-il le plus : le travail athlétique, l’analyse de données ou d’autres compétences ?

L’aspect principal de mon travail que Tuomas me demande de privilégier est de m’assurer que les joueurs soient dans les meilleures conditions possibles pour être compétitifs. Pour y parvenir, je vais mettre en œuvre tout ce qui est nécessaire. Cela englobe l’organisation des plannings les plus adaptés pour les joueurs, la supervision de leurs repas et des compléments alimentaires nécessaires, le maintien d’une hydratation optimale, l’optimisation de leurs temps de repos et de leur récupération. Au fond, je veille à ce qu’ils suivent les routines et les exercices nécessaires qui doivent leur permettre d’atteindre leur plein potentiel sur le terrain.

Tous ces efforts seraient vains si nous ne parvenions pas à les accompagner d’une énergie positive. Pour cela, nous devons prendre soin des joueurs en tant qu’individus uniques. Avant d’être des athlètes, ce sont des personnes avec leurs préoccupations, leurs forces et leurs rêves. En résumé, mon rôle est d’assister chaque individualité, qu’il s’agisse des joueurs ou des membres du staff. Je dois ainsi découvrir la meilleure version d’eux-mêmes afin de contribuer à la progression du collectif.

 

« Quand j’étais en formation à Barcelone, il m’est arrivé de partager une table avec Marc Gasol, et également avec un certain Lionel Messi…. »

 

 

3) Adolescent, vous avez grandi en tant que basketteur au sein du FC Barcelone. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Entre l’âge de 13 et 17 ans, j’ai signé avec l’équipe de basket-ball du FC Barcelone pour rejoindre leur centre de formation et j’ai alors déménagé à La Masia (le complexe où est implantée l’académie du Barça). J’y ai grandi en apprenant les valeurs du sport et en m’imprégnant de l’ADN du Barça. Sans aucun doute, ce fut une expérience unique et irremplaçable. Je me souviens de cette période comme d’un moment où j’ai dû passer d’une façon abrupte de l’enfance à l’adolescence. Pendant ces années, j’ai eu le privilège de participer à des sessions d’entraînement individuelles avec des légendes telles que Juan Carlos « La Bomba » Navarro ou Dejan Bodiroga. Il m’est aussi arrivé de partager une table avec Marc Gasol, et également avec un certain Lionel Messi…

 

4) Qu’avez-vous appris, un peu plus tard, lors de votre expérience en tant qu’entraîneur de boccia, une discipline paralympique ?

J’ai beaucoup appris en entraînant deux para-athlètes, Pedro et Vero. La boccia est un sport paralympique similaire à la pétanque, exclusivement destiné aux personnes atteintes de paralysie cérébrale. Il existe différentes catégories en fonction du degré de paralysie cérébrale. Vero a évolué en BC3, une catégorie qui signifie un handicap plus sévère, nécessitant un assistant, une rampe et un casque pour lancer la balle. Pedro, lui, était en BC2, avec un handicap moins sévère, lui permettant de lancer la balle avec ses mains.

Mon temps passé avec eux a été riche d’enseignements et sur le plan du développement personnel. J’ai amélioré ma capacité à être empathique envers les autres et je me suis prouvé que j’étais capable de prendre soin de ceux qui avaient besoin d’aide. Cela allait d’une aide pour qu’ils s’alimentent à l’accompagnement pour la douche, la toilette et l’habillement.

Cette expérience m’a permis de prioriser ce qui compte vraiment dans nos existences et à apprécier ces détails, à la fois petits et importants, qui rendent la vie belle. Ces personnes font face en permanence à des obstacles dans leur vie et elles choisissent de se battre, jour après jour, pour leur bonheur. Voir leur enthousiasme, sentir leur désir de vivre vous font tout remettre en question dans votre vie. J’encourage vraiment tout le monde à regarder les matches de boccia lors des Jeux Paralympiques de Paris 2024 et à consacrer du temps pour découvrir les personnalités qui pratiquent ce sport magnifique.

 

« Les joueurs assument de plus en plus leur responsabilité d’arriver en condition optimale pour l’entraînement et le match. Cette capacité à se responsabiliser est l’une des évolutions majeures du basketball moderne. »

 

5) Concernant les performances athlétiques dans le basketball européen, quelles sont les principales évolutions que vous pouvez observer depuis que vous avez commencé à travailler en tant que responsable de la performance ?

Ma perception est très subjective et influencée par des facteurs tels que les pays, les cultures, les ligues, les équipes, les individus, les joueurs, les contextes économiques et les différents entraîneurs que j’ai découverts au cours de ma carrière. J’observe notamment comment les joueurs sont de plus en plus attentifs aux détails de l’entraînement invisible. Cet entraînement englobe des questions telles que : « À quelle heure vais-je me lever ? Que vais-je prendre pour le petit déjeuner ? Que vais-je manger ensuite ? Vais-je préparer mon propre repas ? Ferai-je une promenade l’après-midi ? Vais-je passer des heures sur le canapé ? Est-ce que je vais lire un livre ? Que vais-je manger pour le dîner ? À quelle heure irai-je me coucher ? » Lorsqu’un joueur fait régulièrement des choix optimaux pour lui-même, ses performances peuvent connaître une amélioration significative et spectaculaire. D’ailleurs, les joueurs assument de plus en plus leur responsabilité d’arriver en condition optimale pour l’entraînement et le match. De mon point de vue, cette capacité à se responsabiliser est l’une des évolutions majeures du basketball moderne.

Retrouvez Adri Ariza Medina et le Paris Basketball dès ce dimanche à la Halle Carpentier pour l’ouverture de championnat

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