
La March Madness, l’apothéose du basketball universitaire
C’est l’un des événements sportifs les plus attendus aux Etats-Unis, l’un des événements les plus regardés de la planète, et pourtant, ce ne sont pas des professionnels, mais bel et bien des adolescents qui sont mis à l’honneur. Tous les ans, au mois de mars, la saison de basket universitaire se conclut au terme d’un tournoi regroupant toutes les meilleures équipes du tournoi dans un format propice aux surprises. Et à l’occasion de l’édition 2025, on vous présente ce qu’est la “March Madness”
C’est quoi la March Madness ? 🧐
La “March Madness” ou “la folie de mars” en français (oui, ça fait beaucoup moins stylé) est le tournoi final de la saison universitaire qui consiste à sacrer la meilleure université basketballistique du pays. Une compétition à la renommée nationale et internationale puisque la finale du championnat masculin de NCAA est le deuxième événement sportif le plus suivi aux Etats-Unis chaque année, juste derrière le Super Bowl. Créé en 1939, la March Madness est un tournoi à élimination directe où l’attraction principale se nomme : les upsets. Il n’est pas rare de voir des favoris tomber au tapis d’entrée de jeu ou un peu plus loin dans la compétition face à des “outsiders”, ce qui fait toute la beauté de la compétition. C’est également l’occasion de voir performer toutes les futures pépites de la NBA avant leur grand saut dans la grande ligue.
Mais du coup, quel est le format ? 🤷
Au départ, ils sont 68, à la fin, il n’en restera qu’un (merci Denis Brogniart). Plus sérieusement, le format est assez difficile à comprendre, alors accrochez-vous parce qu’il va falloir suivre.
La saison régulière (SR) se déroule sur le système NBA. Toutes les équipes de Division I du pays sont répartis par conférences. Au terme de la SR, la NCAA invite les champions des 32 conférences pour participer au tournoi, puis, sélectionne les 36 autres équipes au cours du Selection Sunday, une émission télévisée où une équipe d’experts annoncent les repêchés.
Une fois les 68 équipes officiellement qualifiées pour la March Madness, ces dernières sont classées en fonction de leur bilan en saison régulière, la qualité du jeu proposé, le nombre de points inscrits et selon bien d’autres critères. Une fois annoncées, les équipes sont dispersées en quatre régions : Ouest, South, East, Midwest. Une fois ce travail effectué, le show peut commencer.
La March Madness est une compétition se déroulant sur 6 tours suivant un tableau/bracket précis. Au premier tour, l’équipe classée première de sa région affronte le seed numéro 16 de sa région, le deuxième affronte le 15e etc…façon playoffs NBA. Néanmoins, à la différence de la grande ligue, les rencontres sont éliminatoires. Le faux pas est interdit, sinon, l’aventure s’arrête nette. Preuve en est, après trois jours de compétition, la moitié des équipes quittent le tournoi. C’est d’ailleurs l’une des raisons principales faisant de ce tournoi l’un des événements sportifs les plus divertissants de l’année. Chaque année, un favori au titre perd durant les deux premiers tours face à des petites universités non reconnus, souvent dans les dernières secondes d’une rencontre folle, et certaines équipes arrivent même a renouveler l’exploit deux voir trois fois de suite pour se hisser au sweet-sixteen, l’équivalent des demi-finales régionales. Après le sweet-sixteen vient l’Elite Eight, représentant les finales régionales, puis vient le moment que tout le monde attend : le Final Four
Le Final Four, épicentre du basket mondial 🤯
Le Final Four regroupe les 4 équipes qui sont parvenus à sortir en vie de leurs régions respectives. A partir de ce moment-là, le monde s’arrête. Tous les yeux sont rivés sur les trois dernières dernières rencontres universitaires de l’année. Le champion de la région “West” affronte celui de la région “Midwest” tandis que celui de la région “South” est opposé au vainqueur de la région “East” pour définir qui participera à l’ultime affrontement. Et lorsque le coup de sifflet de la finale retentit, on ne va pas vous mentir, même la réunion des Avengers ou un bon petit un contre un entre LeBron et Jordan ne procure pas autant d’émulation.
Les moments légendaires de la March Madness 🎬
La March Madness, c’est aussi le moment de l’année où l’on vit le plus d’émotions, mais surtout, des surprises, des rencontres, des upsets tous plus fous les uns que les autres. Alors pour vous, nous avons choisi les 5 moments les plus marquants depuis la création de la March Madness (non classé par ordre)
- North Carolina vs Villanova : NCAA Championship Game 2016
C’est la plus belle finale du XXIe siècle, peut-être même la plus belle de tous les temps. Après un tournoi rocambolesque, l’université légendaire de North Carolina rallie la finale face à Villanova, l’université de Jalen Brunson, Donte Divicenzo et Josh Hart, réunis sous le même maillot lors de cette rencontre. Au cours des 37 premières minutes – les matchs de NCAA se déroulent en 2 mi-temps de 20 minutes – où les deux équipes se répondent coup pour coup, Villanova arrive à creuser un léger écart de 6 points à 1’30 du buzzer final. Mais à ce moment-là, Marcus Paige sort de sa boîte. Il score deux 3 points, dont un en déséquilibre complet pour remettre les deux équipes à égalité à 5 secondes de la fin…Avant que Jenkins ne vivent le rêve de n’importe quel basketteur. Remise en jeu, Donte DiVincenzo remonte le ballon, passe à Jenkins qui tire à 10m du panier…Le temps s’arrête, la salle se tait, avant d’exploser de joie. Jenkins vient d’inscrire le buzzer beater le plus iconique de toute l’histoire de la March Madness. Le “FOR THE CHAMPIONSHIP” du commentateur américain résonne encore dans toutes les têtes. Villanova remporte le titre pour la deuxième fois de son histoire (74-77), avant de récidiver en 2018.
- Michigan State vs Indiana State : NCAA Championship Game 1979
L’affrontement de deux légendes. En 1979, Michigan State et Indiana State se retrouvent en finale, oui, mais l’important n’est pas là. Le monde du basket n’est pas particulièrement attiré par le nom de ces deux équipes, mais plutôt par les deux franchises players. Du côté des Spartans de Michigan State : Magic Johnson. De l’autre : Larry Bird. Deux futures légendes du basketball qui, ironie du sort, se retrouveront sous les couleurs des Lakers et des Celtics, perpétuant la plus grande rivalité de la NBA. Mais revenons-en aux faits. En 1979, les deux équipes vont se livrer une bataille intense. Magic va terminer la rencontre avec 24 points tandis que Larry, diminué par une blessure au pouce, n’inscrit “que” 19 points pour 15 rebonds…Son pire match universitaire (c’est-à-dire le niveau de malade mental du type). Un affrontement d’autant plus légendaire puisque la rencontre sera suivie par près de 40 millions de spectateurs, devenant ainsi le match de basketball le plus regardé sur le sol américain jusqu’en 2017 ! Et au final, c’est Magic et ses Spartans qui sortiront vainqueur de ce duel titanesque sur le score de 75 à 64.
- Davidson University run : March Madness 2008
La magie de Stephen Curry a commencé ici. Boudé par toutes les plus grandes universités du pays à cause de sa taille, c’est à l’université de Davidson que le “Chef” va bouleverser le monde du basketball universitaire. Arrivé dans une école plutôt reconnu pour sa capacité à sortir de grands politiques et littéraires, Steph Curry est venu jouer un magnifique tour à une équipe de Davidson qui n’avait jamais passé deux tours à la March Madness. Mais en 2008, tout bascule. Alors que les critiques continuent de fuser sur Stephen Curry avant le début du tournoi, le gamin s’en nourrit et va marcher sur l’eau pendant l’ensemble de la compétition. 32 points de moyenne, meilleur marqueur à 3pts de l’édition, meilleur intercepteur du tournoi, bref, un rouleau-compresseur humain. Grâce à cette grande forme, Davidson, classé 10e de la région Midwest, grimpe les échelons et parvient, pour la première de son histoire, à accéder à l’Elite Eight. Le Final Four n’est plus qu’à une seule victoire, mais en face, les coéquipiers de Curry tombent sans démériter face à Kansas qui s’en ira prendre le trophée de champion national quelques jours plus tard. La suite pour Steph Curry ? Tout le monde la connait…
- UMBC vs Virginia : First Round 2018
Une victoire qui change à vie le destin d’une université. En 2018, l’université de UMBC, classée 16e et bonne dernière de la région Sud doit affronter Virginia, seed #1 et immense favori pour le titre. Une rencontre sur le papier largement abordable pour Virginia…Mais l’impensable va se produire. Auteur de 40 minutes d’une intensité folle, marquée par un courage et une abnégation sans faille, UMBC parvient à remporter la partie et déjouer tous les pronostiques. C’est bien simple, tous les brackets sont tombés ! Aucun pronostiqueur n’avait vu juste. Une pure folie considérée, encore à ce jour, comme l’une des plus grosses surprises de tous les temps, tous sports confondus. Un succès qui a fait le tour des réseaux sociaux, permettant à la modeste université de se faire connaître à l’échelle nationale et internationale, jusqu’à impressionner un certain Stephen Curry qui a offert une paire de Curry 4 à chacun des joueurs. La grande classe…
- Saint-Peter’s Peacocks University run : March Madness 2022
L’un des plus beaux runs du XXIe siècle, sans discussion possible. Après avoir remporté la conférence MAAC (conférence mineure), Saint-Peter’s écope du 15e seed de la région midwest. Vous connaissez la chanson, c’est donc le numéro 2 de la région qui se présente face aux hommes de Shaheen Holloway au premier tour : Les Wildcats de Kentucky. L’une des universités les plus connues et prisées des États-Unis. Anthony Davis, Shai Gilgeous-Alexander et j’en passe, tous sont passés par les Wildcats. La tâche s’annonce rude et personne ne s’attend à ce que Saint-Peter’s en sorte vainqueur. Et pourtant, c’est tout le contraire qui se produit. Les Peacocks réalisent l’impensable et sortent Kentucky du tournoi au terme d’une prolongation démentielle (85-79). Une performance XXL dans l’histoire de la March Madness car ce n’est que la deuxième fois depuis la création du tournoi qu’une équipe classée 15e élimine le seed n°2 d’une région. Au second tour, bis repetita. Face à Murray State, les Peacocks continuent sur leur belle lancée et s’imposent (70-60), marquant encore un peu plus l’histoire du tournoi…Avant de définitivement rentrer dans les mémoires.
Au sweet sixteen, c’est l’ogre Purdue qui se dresse sur le chemin de Saint-Peter’s. A ce moment-là, tout le monde est sûr d’une chose : l’aventure des Peacocks va s’arrêter ici. Tout le monde, sauf les joueurs de Shaheen Holloway eux-mêmes ! Au terme d’une rencontre pleine de rebondissement, Saint-Peter’s fait trembler la planète basket en sortant un deuxième immense favori (67-64) au titre et avance vers l’Elite Eight ! Pour la première fois depuis 1939, une équipe classée 15e est au rendez-vous des finales régionales. Néanmoins, toute bonne chose à une fin. Face à North Carolina, le rêve s’arrête net. Éprouvés physiquement, les Peacocks ne peuvent contenir les assauts adverses et perdent d’une vingtaine de points (49-69). La fin de la plus belle aventure de l’histoire, mais aux retombées grandioses. Depuis ce jour, l’université basée dans le New Jersey est enfin reconnue sur le territoire et participe à la March Madness chaque année.
Les universités les plus emblématiques de la March Madness 🌟
Duke University : C’est peut-être l’une des universités américaines les plus emblématiques de l’histoire du basketball. Longtemps incarné par leur coach légendaire Mike Krzyzewski, alias “coach K”, Duke a glané cinq titres de champions nationaux pour 17 apparitions dans le Final Four, mais c’est surtout distingué par son programme basketballistique alléchant permettant à de nombreuses stars actuelles et anciennes de la NBA de se former au sein des “Blue Devils”. Parmi les plus connus, Zion Williamson, Jayson Tatum, JJ Redick ou encore Kyrie Irving.
Kentucky Wildcats : La meilleure université du pays…Et je pèse mes mots. Deuxième université la plus titrée de l’histoire avec 8 trophées NCAA et avec le meilleur pourcentage de victoires de tous les temps, les Wildcats représentent la crème de la crème du sport universitaire américain. Preuve en est, l’université basée dans la ville de Lexington a remporté le titre honorifique de “plus grande tradition de l’histoire du basketball universitaire.”
University of North Carolina : Pour compléter le trident magique, il ne manquait plus que l’université de North Carolina. Troisième université la plus titrée du pays avec 6 trophées, North Carolina a connu son âge d’or à la fin des années 80 grâce au passage dans ses rangs d’un certain Michael Jordan…Rien que ça. UNC est également l’une des universités à avoir disputé le plus de Final Four de toute l’histoire de la compétition avec 21 apparitions. De quoi honorer les “Tar Heels” d’une place dans le top 50 “des meilleurs programmes de ces 50 dernières années”.
Georgetown University : Elle n’est peut-être pas la plus titrée, mais elle est sûrement la plus reconnue de toutes les universités sportives des Etats-Unis. Le programme de Georgetown est l’un des plus anciens programmes de l’histoire, avec un premier match de l’équipe masculine de basketball disputé en février 1907 ! Une longue existence qui lui a valu 31 apparitions à la March Madness, dont 18 entre 1979 et 2000. Légendaire par l’histoire, mais également par l’héritage laissé par les joueurs passés par les “Hoyas”, notamment Allen Iverson, Patrick Ewing ou encore le récent défunt Dikembe Mutombo, tous les trois devenus hall of famer en NBA.
UCLA : Russell Westbrook, Kareem-Abdul Jabbar, Reggie Miller, Bill Walton, toutes ses légendes de la NBA sont unies par un lien unique. Celui du sang bleu et doré qui coule dans leurs veines. S’il y a bien une université qui peut rivaliser avec Georgetown en termes d’histoire, c’est bien UCLA. Basée en Californie, les « Bruins » sont les plus titrés de toute l’histoire de la NCAA avec 11 trophées nationaux, dont 10 remportés entre 1964 et 1975 sous la houlette de John Wooden !
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