Équipes de légende NBA : les san antonio Spurs 2013-2014

Nouvelle série sur Basketball 101 parce qu’on vous adore, et qu’on adore surtout la balle orange. Le plan est simple : parcourir ensemble les équipes qui ont laissé une empreinte tellement profonde dans l’histoire du jeu que même le petit-fils de ton ou ta meilleure pote regrettera de ne pas les avoir vues jouer. Des équipes qui te donnent ce petit serre-cœur du “olala, ça devait être quelque chose de voir les Bulls de Jordan en live”.

Et pour lancer cette série, on part direct sur du très lourd : les Spurs 2013-2014, la 4ᵉ bague du meilleur joueur français all time (pour le moment), et peut-être la plus belle partition collective jamais jouée dans notre sport. Titre qui marque la fin d’une des plus grandes dynasties de l’histoire, titre qui représente également l’une des plus belles revanches et la victoire face à un monstre à 4 têtes : le Heat de Lebron, D-Wade, Bosh et Ray Allen. Une équipe qui offrira au plus grand poste 4 de l’histoire, Tim Duncan, sa 5ème bague. Et qui verra Gregg Popovich, le créateur d’un des plus beaux baskets devenir le 3ème coach, à égalité, le plus titré de l’histoire.

Le contexte : Le dernier titre d’une dynastie monstrueuse

Avant d’entrer dans le récit, il faut mesurer l’ampleur de la bête. En 2013-2014, les Spurs ne sont pas juste une bonne équipe : ce sont les acteurs d’une dynastie longue de quinze ans. Tim Duncan et Pop ont déjà 4 bagues. Tony Parker et Manu Ginóbili en ont 3 chacun. Chaque saison depuis 1998, San Antonio va en playoffs. Duncan a déjà deux MVP, trois Finals MVP, et Tony en a chipé un en 2007. Bref : les Spurs dominent la NBA depuis plus longtemps que certains rookies ne sont dans le game.

Mais en 2013, quelque chose s’est cassé. Une défaite. Une seule. Mais une défaite traumatisante. Cette finale 2013 où Ray Allen surgit comme un cauchemar pour planter le tir le plus assassin de l’ère moderne. Cette finale que les Spurs auraient dû plier dix fois. Et cette finale qu’ils perdent finalement en 7. Beaucoup d’équipes se seraient effondrées. San Antonio, elle, s’est renforcée. L’humiliation est devenue moteur.

Sauf que voilà : le Big Three n’est plus tout jeune.

Tim Duncan, à 37 ans, toujours aussi clinique, mais moins dominant que en 2003. Manu en a 36, la magie est là, mais le corps commence à dire stop. Tony a 31 ans encore All-Star, encore incisif, encore dans la conversation “meilleur meneur du monde”.

Mais il y a un mais. Un mais qui a des grosses mains, des mains gigantesques mêmes, The Claw : Kawhi Leonard. 22 ans. Silencieux. Timide. Le Fun Guy a un style discret mais meurtrier.

Les Spurs abordent la saison avec une obsession : redresser le tort de 2013. Venger la dynastie. Faire payer tout le monde.

Et ils vont le faire d’une manière… très Spurs : sans bruit, sans clash, sans drama. Juste du basket parfait. Efficace.

La saison : la masterclass collective de l’ère moderne

La saison 2013-2014 des Spurs, c’est l’histoire d’une équipe qui ne domine pas par les muscles, mais par l’exécution. Dans une NBA qui glorifie les highlights, les dunks, les stepbacks et les chevilles cassées, les Spurs jouent à contre-courant : un basket chirurgical, un basket de demi-terrain, un basket d’ingénieurs. Là où Miami run and gun sous la houlette de LeBron, là où les Clippers bombardent en transition, San Antonio te découpe en tranches sur du pick & roll basique mais parfaitement exécuté. Et c’est ça qui rend fou : tout le monde sait ce qu’ils vont faire, personne ne peut l’empêcher.

Le pick & roll Parker-Duncan, c’est leur alphabet. Tout part de là. Un écran posé avec l’angle parfait, Tony qui slalome comme un scooter dans les bouchons, Duncan qui pop ou qui plonge, et autour, des snipers disciplinés : Danny Green, Belinelli, Patty Mills, Matt Bonner. Tu veux aider ? Trois points. Tu veux switcher ? Mismatch. Tu refuses l’écran ? Backdoor. Les Spurs n’inventent rien : ils optimisent tout.

Mais la magie ne vient pas du porteur de balle : elle vient des quatre autres joueurs. Ça bouge, ça coupe, ça pose des écrans hors-caméra, ça décale, ça anticipe. Le public regarde Parker attaquer la raquette, mais ce qui rend l’action létale, c’est Diaw qui glisse un écran invisible, Green qui échange de côté pour forcer une rotation, Ginóbili qui surgit d’un corner comme un diable malin. Le meilleur scoreur de l’équipe ? Tony avec 16,7 points. Oui, c’est ça le Spurs Basketball, tu regardes la feuille et tu cherches le gars à 40 points, mais y’en a pas, par contre tout le monde a marqué.

Au final c’est 62 victoires, premier de la NBA, aucune série de plus de deux défaites, un effectif qui tourne à 10 joueurs avec un vrai rôle. Kawhi monte doucement en puissance, Tony mène le bal, Manu envoie ses passes venues d’une autre dimension, et Duncan reste le métronome. Résultat : l’équipe la plus régulière, la plus équilibrée, la plus complète de la décennie.

Les Spurs ne jouent pas pour un joueur. Ils jouent pour le bon tir. Et personne ne sait le créer mieux qu’eux.

La campagne de playoffs : le Spurs Basketball déroule

Les playoffs 2014, c’est là que cette équipe va devenir légendaire. Chaque série raconte un morceau du récit.

Premier tour : Dallas (4-3)
Oui, ça va en sept matchs. Oui, c’est tendu. Mais c’est du Carlisle peak level, c’est du Nowitzki en mode éternel, c’est du vieux derby texan qui ne meurt jamais. Les Spurs ajustent, répondent, serrent la vis et reprennent le contrôle quand ça compte. Une équipe qui vacille mais ne tombe jamais.

Demi-finale : Portland (4-1)
Malgré un jeune Lillard affamé, un Aldridge très efficace et dangereux, les coéquipiers de notre Batman national ne feront pas le poids face à San Antonio qui les éteint comme si de rien n’était. Exécution chirurgicale, discipline défensive, et l’impression que chaque tir ouvert de Portland est un cadeau tombé du ciel, tellement ils doivent lutter pour respirer.

Finale de conférence : OKC (4-2)
Opposition de style total. OKC est jeune, athlétique et repose sur deux grosses individualités. Et ils ont dans leur effectif une des armes les plus léthales de l’histoire de ce sport : Kevin Durant, MVP de saison régulière, 32 points par match à 56% au shoot et 39% à 3 points. Westbrook est un bulldozer sous stéroïdes. Et pourtant, les Spurs prennent les deux premiers matchs avec un niveau de circulation de balle jamais vu. OKC réplique en mode physique, Ibaka revient, mais San Antonio finit par briser le verrou au Game 6, un Boris Diaw de gala qui finira meilleur marqueur des Spurs avec 26 points. 

Finales NBA : Miami (4-1)
Et là…. C’est la plus grande démonstration offensive de l’histoire des Finales. Point final. La revanche 2013 devient un massacre élégamment orchestré. Le Heat n’a pas de réponses. Les Spurs enfilent les passes comme des perles, shootent à plus de 52% sur la série, et offrent un Game 3 et un Game 4 qui ressemblent à une masterclass de basket collectif jamais revue depuis.

Kawhi Leonard devient MVP des Finales à 22 ans.
Popovich sert la vengeance la plus propre de la décennie. Et Tim Duncan décroche sa 5e bague en souriant à peine, une journée de boulot qui s’est bien passée pour le grand Tim.

Le legacy : la dernière danse d’une dynastie, le début d’un mythe

Pourquoi cette équipe est-elle entrée dans la légende ? Parce que les Spurs 2014 ne sont pas juste champions : ils sont le symbole de la perfection collective. Ils sont la preuve vivante qu’en NBA, même dans une ligue obsédée par les stars, la hype, les crossovers et les dunks, le collectif, la défense et bien ça paye.

Ce titre, c’est la validation finale du Big Three. La 5ᵉ bague pour Tim Duncan et Gregg Popovich. La 4ᵉ pour Tony Parker et Manu Ginóbili. Et le début officiel de l’ère Kawhi Leonard.

C’est aussi une passation de pouvoir. Le Big Three n’est plus au sommet, mais il transmet : sa culture, sa discipline, sa patience, sa lecture du jeu. Kawhi en est l’héritier le plus éclatant. Dans cette équipe, il apprend à devenir une machine. Deux ans plus tard, Duncan prendra sa retraite.

Le legacy des Spurs 2014, c’est également un message pour le basket moderne : l’intelligence peut battre la force brute. Leur style inspire les Warriors qui vont dominer ensuite. Leur circulation de balle devient un modèle dans chaque coaching clinic du pays. Leur discipline défensive reste une référence. Leur culture collective est étudiée comme un cas d’école.

Et au-delà de la technique, il reste l’esthétique. Leur jeu n’était pas juste efficace : il était beau. Harmonieux. Précis. Une équipe où personne ne courait après la lumière, mais où tout le monde brillait. Une équipe qui a gagné sans drama, sans star system, sans ego. Une équipe qui a rappelé que le basket est un sport de mouvement, de solidarité, de répétition, de 101 coups contre la pierre avant qu’elle ne casse.

Les Spurs 2014, c’est la dernière grande symphonie d’une dynastie. Une équipe qui a fini son œuvre sur une note parfaite.

Article rédigé par Alexis Gallot
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