
Andre Ingram : Tout vient à point à qui sait attendre
Ce n’est un secret pour personne, la NBA est un monde difficile d’accès. Nombreux sont les joueurs à tenter l’aventure sans jamais fouler les parquets ou bien sans jamais obtenir un petit contrat. Mais parmi tous ces joueurs non destinés à avoir sa chance sur les parquets de la grande ligue, l’un d’entre eux est parvenu à rentrer dans la légende. Aujourd’hui, on vous raconte l’incroyable histoire d’André Ingram, un simple joueur de G-League devenue star des Los Angeles Lakers le temps d’une soirée magique.
Une carrière atypique 😮💨
André Ingram n’est pas un joueur comme les autres. Né à Richmond en 1985, l’arrière d’1m91 n’a jamais été convoité par la NBA. Pas spécialement habile, grand, technique ou rapide, seul son shoot à 3 points extrêmement fiable lui permet de se faire une petite place dans l’équipe de son lycée. Mais à la fin de son cursus, c’est la douche froide. Aucune université de renom ne jette son dévolu sur Ingram. Alors ce dernier rejoint l’American Washington University où il y passera 4 années. Là-bas, il continue le basket et fait le bonheur de sa modeste équipe de seconde division. Eligible à la draft 2007, c’est sans aucune attente qu’il se présente. Et le résultat est sans appel : aucune franchise NBA ne le sélectionne. Ingram, un peu comme Stephen Curry dans ses jeunes années, à l’habitude d’être snobé. Alors s’il ne peut pas accéder à la NBA par la grande porte, autant essayer de passer par la petite. Il se rabat sur la G-League, l’antichambre de la NBA et est sélectionné par les Flash d’Utah, équipe “réserve” des Utah Jazz. Une expérience excellente, puisqu’il y réalise les meilleures années de sa carrière en tournant à 12.9 points, 3.9 rebonds et 2.1 passes décisives par match. Rien de bien fou, mais assez pour commencer à faire parler de lui au sein de la ligue.
Après 3 saisons, il rejoint les Los Angeles Defenders, franchise affilié à celle des Lakers. Il y reste 6 saisons où il tourne, notamment, à 47.5% de réussite…derrière l’arc. Un chiffre surprenant qui monte aux oreilles du General Manager des Lakers, qui sont en grande difficulté lors de la saison 2017-2018. Et un beau jour, tout va basculer.
La chance d’une vie 🥹
“Tout vient à point à qui sait attendre”. Si cette citation de Rabelais devait être personnalisée, Andre Ingram serait l’exemple parfait. Après 10 longues saisons à ronger son frein en G-League, il est appelé par les Gold&Purple pour monter avec l’équipe première et remplacer…Brandon Ingram. Plutôt cocasse comme situation. Face à une hécatombe de blessé, les Lakers, d’ores et déjà hors course pour les playoffs 2018, décide enfin de lui offrir la chance de se montrer. Un contrat de 5 rencontres. La chance d’une vie.
Et le 10 avril, dans un Staples Center sold-out pour la réception des Houston Rockets, il devient le plus vieux joueur de l’histoire, ou plutôt le plus vieux rookie, à disputer son premier match NBA à l’âge de 32 ans. L’histoire est en marche…et va continuer de s’embellir. Ce soir-là, l’antre emblématique des Lakers va vivre l’une de ces soirées que l’on n’oublie pas. Celles qui nous rappellent, à nous, fan de basket, à quel point notre sport est unique. Ovationné à son entrée sur le parquet, les yeux du monde sont fixés sur ce petit arrière de 33 ans qui semble tout timide au premier abord. Mais pas le temps de tergiverser. Si Andre Ingram est présent, c’est qu’il mérite sa place. En transe, il commence son festival. Animé par un supplément d’âme, le shooteur prend complètement feu. Contestés, en déséquilibre, ouverts, le tout, à mi-distance ou derrière l’arc, tous ses tirs font mouche. Preuve en est, il termine la rencontre avec 19 points à 75% de réussite au tir dont 80% à 3 points. Une performance hallucinante, mais surtout touchante, comme si les dieux du basket voulaient, ce soir-là, le voir vivre son rêve à 100%. Alors oui, Ingram n’a pas remporté le match ce soir-là, mais il a gagné bien plus : la reconnaissance de toute la ligue qui ne peut que s’incliner devant tant d’abnégation. Joueurs, dirigeants, présidents, tous ne manquent pas de saluer, chacun à sa manière, cette performance qui reste, encore aujourd’hui, l’une des plus belles de l’histoire. Je vais pas vous mentir, j’ai eu des frissons en écrivant ces lignes. Comme quoi, passer d’inconnu à superstar, il n’y a qu’un pas finalement.
Un petit tour et puis s’en va 💫
Après ce coup d’éclat qui lui a valu une longue accolade avec Chris Paul, vétéran des Rockets, Andre Ingram connaît un petit coup de moins bien. Sur les quatre autres rencontres qu’il dispute, il livre des performances bonnes, mais pas non plus exceptionnelles pour convaincre le front office angelinos de lui offrir un contrat longue durée. Alors après 5 matchs, son aventure avec les Lakers s’achève. Il continue le basket en G-League pendant un petit temps, avant de mettre un terme définitif à sa carrière et se reconvertir. Et en 2020, il est réélu président du syndicat des joueurs de G-League. Comme quoi, même si cette ligue n’a rien de bien impressionnant et où les salaires sont bien moins élevés que dans la grande ligue, elle peut être la porte d’entrée d’une belle histoire. Et quoi de plus beau pour ces joueurs que d’avoir, en tant que président, le plus emblématique de tous.
Un modèle de résilience ⭐
La définition même du mot “persévérance” 👊
10 ans en G-League, et toujours accroché à ce même rêve : rallier la NBA. Tout le travail et tous les sacrifices effectués suffisent à en faire l’un des joueurs les plus persévérants que la NBA ait connu. Mais ce n’est pas tout. Andre Ingram est ce genre de joueur qui n’abandonne jamais. Ce type de basketteur qui, conscient de ses faiblesses, travaille d’arrache pied sur ses points forts pour réussir à se faire une place. Pour ceux qui connaissent, c’est un peu le même mindset que Sora dans l’animé “Ahiru No Sora” (excellent au passage, allez regarder ça 🫵). Mais s’il fait tout ça, c’est bien pour une raison : sa fille. Oui, intégrer la NBA était son rêve, mais rester en G-League lui assurait une petite sécurité financière et lui permettait de voir sa fille grandir à ses côtés. Et même dans les moments les plus difficiles, ce dernier n’a rien lâché. Un homme au grand coeur que la vie a décidé de récompenser après tant d’années
Une force mentale exemplaire 🧠
Si Andre Ingram est arrivé jusqu’aux parquets NBA après avoir surmonté autant d’obstacles, c’est aussi grâce à un mental de fer qu’il a eu le temps de se forger au cours de ses années G-League. Dans l’antichambre de la NBA, les joueurs vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Soit tu as le niveau et tu espères décrocher ne serait-ce qu’un petit contrat, soit tu abandonnes ton rêve et tu prends la décision de vadrouiller de pays en pays avec l’espoir de réaliser des performances plus que convaincantes afin que la NBA vienne directement vers toi. C’est la dure loi du basketball de haut niveau. Mais ça, l’arrière n’en a que faire. Ce dernier reste attaché à son rêve, sans pour autant se mettre de pression. Un mindset gagnant qui lui permet de garder les pieds sur terre et de continuer à progresser. Une force mentale qui lui provient également de sa petite famille. Avec son salaire, il peut subvenir aux besoin de sa femme et de sa fille, suivre l’évolution de son enfant et être épanoui, ce qui joue beaucoup, aussi bien sur le plan physique que mental.
Un tir à 3 points létal 🏹
A la manière d’un certain Stephen Curry, Andre Ingram a beaucoup travaillé sur ses points forts afin de combler ses lacunes techniques et physiques. Assez frêle pour s’aventurer près du cercle, l’arrière a fait de son tir à 3 points une arme de destruction massive. A la fin de chaque entraînement, qu’il soit au lycée, à l’université ou en G-League, Ingram restait des heures dans la salle à prendre des tirs, perfectionner sa gestuelle et, par conséquent, améliorer sa réussite. Un long travail qui a porté ses fruits puisqu’il a tourné, pendant toute sa carrière, à plus de 40% derrière l’arc.
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