Tuomas Iisalo : « J’ai ressenti beaucoup d’émotions  »

Dans un long texte qu’il a accepté de rédiger pour les médias du Paris Basketball, notre entraîneur, Tuomas Iisalo, décrit les images qu’il gardera du stage en Finlande, son pays natal, à la tête de sa nouvelle équipe. Des mots forts, au croisement des émotions personnelles et d’une construction collective. Confidences.

 

Émotions. Beaucoup d’émotions. Voilà comment je décrirais le fait d’emmener notre équipe à Kisakallio, à l’ouest d’Helsinki, pour un camp d’entraînement. Cela fait sept ans que j’entraîne à l’étranger et c’était la première fois que je partais avec mon équipe en Finlande. Je ressens de la fierté d’avoir emmené une équipe européenne de premier plan s’entraîner en Finlande.

 

Fierté, aussi, d’avoir pu montrer ma terre natale à tout le monde dans l’équipe, les joueurs comme les membres du staff. J’espère qu’ils auront apprécié la beauté de ces paysages de lacs baignés par la lumière d’une fin d’été, une beauté propre aux pays nordiques. Et j’espère qu’ils ont su apprécier le contraste avec notre quotidien à Paris, élément essentiel à la réussite d’un camp d’entraînement pendant la pré-saison.

 

 

« Il y a en Finlande une soif d’en apprendre davantage sur l’entraînement et le basketball en général »

 

 

Auparavant, les gens n’associaient pas le basketball à la Finlande, mais sa popularité a augmenté avec notre succès au cours des 15 dernières années. L’équipe nationale masculine entretient une forte connexion avec ses fans, qui voyagent à travers le monde pour suivre « Susijengi » lors des tournois internationaux. Cela a accru au passage dans le pays un intérêt de plus en plus global pour le sport. S’agissant du basketball en particulier, de plus en plus d’enfants s’adonnent à sa pratique.

 

De plus, sur le plan personnel, je ressens une certaine responsabilité de représenter la Finlande à l’étranger dans mon rôle actuel d’entraineur. Je ne voudrais pas être un jour la raison pour laquelle les portes se fermeraient devant les entraîneurs finlandais, et je sais que ce sentiment est partagé par mes collègues qui exercent dans d’autres ligues européennes et dans des équipes nationales. Nous avons un lien très fort au sein de notre communauté d’entraîneurs. En venant ici avec le Paris Basketball, c’était un sentiment formidable de croiser beaucoup de ces entraîneurs lors de nos sessions organisées sur la base d’entraînement de l’équipe nationale finlandaise. Il y a chez tous ces coachs une soif d’en apprendre davantage sur l’entraînement et le basketball en général, ce qui constitue un puissant levier de progression.

 

 

« Nos parties de ‘’Mafia’’ pour renforcer l’esprit d’équipe »

 

 

L’amélioration a également été la ligne directrice de notre stage. Le but d’un camp d’entraînement est double : améliorer les performances sur le terrain grâce à des efforts concentrés et intenses lors des entraînements, et créer un fort esprit d’équipe en-dehors du terrain tout en apprenant à connaître les différentes personnes qui composent notre équipe cette année. Cela inclut également des jeux de renforcement d’équipe comme notre bon vieux « Mafia », un jeu similaire au « Loup Garou », dans lequel des villageois – avec l’aide de la police et des médecins – essaient de découvrir les deux personnes qui tuent des gens dans le groupe. Il est toujours amusant de voir ainsi différentes facettes de chaque individualité participant au jeu !

 

Bien entendu, un voyage en Finlande ne serait pas complet sans une soirée dans un sauna finlandais et une plongée dans un lac froid. Cela m’a rendu vraiment heureux de pouvoir partager avec joueurs et staff cette partie de mon propre patrimoine. En Finlande, aller au sauna est une expérience sociale. C’est là que l’on se calme et que l’on discute de tout, même des sujets difficiles. Ironiquement, la seule personne absente de notre liste de participants aura été le joueur international finlandais, Mikael Jantunen, qui est à Okinawa pour représenter la Finlande à la Coupe du monde. Je suis sûr qu’il entendra toutes ces histoires de saunas chauds et de lacs froids quand il arrivera à Paris ! En attendant, pendant ce stage, c’est à la télévision que nous avons pu le voir.

 

« Je me mets à la place des Français, car tous les acteurs impliqués dans le sport savent qu’il y aura toujours des bons et des mauvais moments. »

 

Comme beaucoup de gens en France, nous avons également suivi les difficultés de l’équipe de France dans cette Coupe du monde. Deux mauvais matchs et le tournoi est terminé… C’est très impitoyable et dans ce genre de format, vous avez toujours aussi besoin de chance. Mais c’est ainsi que fonctionnent les sports : vous essayez de minimiser la part de chance en étant aussi compétitifs que possible et en exécutant les fondamentaux à un niveau très élevé. Pourtant, parfois, l’équipe ne « clique » pas et je suis sûr qu’ils seront confrontés à beaucoup de jugements à ce sujet. Je me mets à leur place, car tous les acteurs impliqués dans le sport savent qu’il y aura toujours des bons et des mauvais moments. Le véritable test de caractère est la façon dont vous rebondissez et sur le fait de savoir si vous vous voyez comme une victime ou un survivant.

 

Par expérience personnelle, je peux dire que les plus grandes déceptions ont été les moteurs les plus importants de ma propre évolution en tant qu’entraîneur. Mais, à l’époque, sur le moment, ça fait très mal et c’est difficile à mettre en perspective. Je vois la déception chez chacun de nos joueurs et membres de l’encadrement français, ce qui est naturel et en dit long sur la signification de l’équipe nationale pour toute la communauté du basketball français.

 

« Pendant ce stage, cela a été formidable de voir tout le monde interagir les uns avec les autres et donner le meilleur d’eux-mêmes pour nos objectifs communs. »

 

Quant à nous, je suis très satisfait de la concentration et de l’engagement de nos joueurs pendant tout le stage. Nous avons une équipe extrêmement jeune, composée de joueurs qui veulent s’améliorer et réussir ensemble en tant qu’équipe, ce qui rend le travail du staff très motivant.

 

Une partie du bon fonctionnement de chaque équipe – et on en parle peu – se situe dans le travail des équipes de soutien. Ce sont les personnes qui aident les joueurs et les entraîneurs à se concentrer sur le côté basketball en s’occupant de tout, de la logistique aux soins, en passant par la communication. Sans eux, une équipe ne peut pas fonctionner. J’aime la façon dont nous avons déjà l’impression d’être un grand collectif plutôt qu’une collection d’individus. Cela a été formidable de voir tout le monde interagir les uns avec les autres et donner le meilleur d’eux-mêmes pour nos objectifs communs. Je suis enthousiaste à propos de ce que l’avenir nous réserve !

 

« Nous espérons créer à Paris aussi. Quelque chose d’unique. Unique comme la ville de Paris peut l’être. »

 

Nous avons eu l’occasion de jouer contre une équipe de premier plan de la ligue finlandaise, Kouvot, que j’ai représentée au cours de ma carrière de joueur. Cela a apporté un changement agréable à notre routine quotidienne, et j’ai été impressionné par leur vitesse et leur intensité. Leur style de jeu était très différent de ceux que nous avons vu en Europe ces dernières années et cela m’a donné quelques idées. Comme tous les entraîneurs, nous puisons nos idées dans différentes sources afin de créer des combinaisons et des concepts nouveaux et inédits. C’est un grand moteur pour moi en tant qu’entraîneur. Pas forcément d’être la meilleure équipe capable de réaliser quelque chose, mais d’être la seule ! C’est ce que nous espérons créer à Paris aussi. Quelque chose d’unique. Unique comme la ville de Paris peut l’être.

 

Maintenant, direction Le Portel, où nous jouerons deux matchs pour voir où nous en sommes à l’heure actuelle. Le début de la saison est dans un peu plus de deux semaines et chaque séance compte beaucoup, donc il n’y a pas de temps à perdre. Nous sommes sur la bonne voie, ce qui me donne confiance. Mais le truc, avec le sport, c’est que vous ne pouvez jamais vous détendre, vous devez continuer à viser toujours mieux. Le moment où vous arrêtez de le faire, les résultats vous frapperont en plein visage. C’est la nature même de la compétition. Mon souhait est que nous restions en bonne santé et que nous puissions continuer à partager de grandes séances d’entraînement. Croisons les doigts !

 

Salutations de Finlande !

 

Tuomas

 

PS : un merci spécial à Kisakallio et à leur personnel d’avoir créé des conditions idéales pour notre camp pendant toute la semaine !

 

*Surnom de l’équipe nationale, « Susijengi » signifie en finnois « la meute des loups »

Assistez à la prochaine rencontre et venez nous soutenir !
Paris pour Paris